Antoine Reicha redécouvert (4/9)
Carl Griese : Pferdemarkt in Hamburg, 1796, lithographie, 1900. Staats- und Universitätsbibliothek Hamburg, cote AH B,7. (CC BY-SA 4.0) ; adresse de Reicha en 1799.
À l’automne 1794, l’armée française influence pour la première fois la carrière d’Antoine Reicha (cela se reproduira en 1804, 1806 et 1808). En effet, à l’approche des troupes révolutionnaires, qui entrent dans Bonn le 8 octobre, Josef Reicha, malade, persuade son neveu de quitter la ville. Antoine se rend donc à Hambourg, où il séjournera cinq ans. Il y poursuit son étude de la philosophie, des mathématiques et des sciences et décide de se consacrer exclusivement à la composition et à son enseignement, au détriment donc de son activité d’instrumentiste.
En octobre 1797, il propose à l’éditeur viennois Artaria une liste d’une centaine de compositions à graver, parmi lesquelles de nombreuses œuvres de musique de chambre, un domaine dans lequel il s’exprimera avec prédilection, mais aussi ses premières fugues pour piano. Artaria n’en publiera aucune, mais plusieurs œuvres de Reicha, surtout avec flûte, paraissent en 1798 à Brunswick, au Musikalisches Magazin Auf der Höhe.
Si le papier utilisé permet d’identifier facilement les manuscrits datant de la période de Hambourg, il est plus difficile d’évaluer avec certitude le nombre de compositions conservées parmi celles citées dans la lettre à Artaria. En effet, l’examen des sources montre que des œuvres composées à Hambourg ont été ensuite remaniées à Paris ou à Vienne, comme le Quatuor à cordes en fa majeur ou la Musique pour célébrer la mémoire des grands hommes qui se sont illustrés au service de la Nation française, écrite en prévision de sa venue à Paris. Sans doute certaines compositions publiées dans les deux premières décennies du XIXe siècle ont-elles également été écrites bien antérieurement.
Antoine Reicha : Symphonie en mi bémol majeur, op. 41 (Paris, 1799). (Musica Florea, dir. Marek Štryncl, 2006, sur instruments d’époque)
Antoine Reicha : Symphonie en mi bémol majeur, op. 41 (Paris, 1799). (Česká komorní filharmonie, dir. Vojtěch Spurný, 2002)
Entre autres œuvres, les Practische Beispiele pour piano illustrent bien l’originalité et l’inventivité dont fait preuve le jeune Reicha dans tous les domaines – formel avec des pièces proches de l’improvisation ou des fugues peu orthodoxes ; rythmique avec des mesures composées ou inusuelles ; harmonique avec des modulations osées ou des enchaînements inhabituels ; technique avec un accord spécial du piano ou une notation sur quatre portées pour certaines pièces – et les Philosophisch-practische Anmerkungen qui les accompagnent inaugurent la série des écrits théoriques du compositeur.
Antoine Reicha : Musique pour célébrer la mémoire des grands hommes, qui se sont illustrés au service de la Nation françoise. Manuscrit autographe (vers 1798), page de titre, double page avec préface et début de la partition. Bibliothèque nationale de France, département de la Musique, cote MS-2495. (©gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Antoine Reicha : Practische Beispiele, ein Beitrag zur Geistes Cultur des Tonsetzers und desjenigen, der sich durch den Vortrag auf dem Piano-Forte auszeichnen will, als auch zur Erweiterung beider Künste, begleitet mit philosophisch-practischen Anmerkungen. Manuscrit autographe (vers 1798), n° 5 et début du n° 16. Bibliothèque nationale de France, département de la Musique, cote MS-2496. (©gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Antoine Reicha : Practische Beispiele, N° 20 (Hambourg, 1794-1797). (Gili Loftus, piano-forte ca 1820, 2020)
Reicha, Antoine.
Sinfonia op. 41, mi ♭ maggiore (J. Racek, V. Bělský, éds.).
Praha : Edition Supraphon, 1973.
Musica Antiqua Bohemica.
Trente six fugues pour le piano-forté composées d'après un nouveau system
(A. R. Noble, éd.). Köln : Dohr, 2012.