Antoine Reicha redécouvert (2/9)
Joseph Widnmann : L’harmonie à vent de l’orchestre de la cour de Wallerstein, silhouette sur fond doré (vers 1785). (©Collection privée de la famille Oettingen-Wallerstein)
Lorsqu'il quitte la maison familiale, le jeune Antoine se rend à Klatovy, où son grand-père Václav Rejcha s’est établi comme fermier en 1771, puis obtient d'être confié à son oncle Josef, depuis 1774 violoncelliste à la cour d’Oettingen-Wallerstein et compositeur de valeur.
La ville royale de Klatovy, gravure sur cuivre (1804). Moravský zemský archiv v Brně, Fond D 22 Sbírka map a plánů, cote 1197. (©Moravský zemský archiv v Brně)
À Wallerstein, Josef Reicha côtoie au sein de la chapelle princière nombre d’excellents musiciens et compositeurs, souvent d’origine bohémienne. Sans enfants de son mariage avec Lucie Certelet (1749?-1801), gouvernante française de la fille du prince, il élève son neveu comme son fils. Antoine, resté jusqu’ici sans instruction musicale, apprend la flûte, le violon et le piano et, grâce à sa tante francophone, maîtrise non seulement l’allemand mais le français.
Josef Reicha : Concerto à violoncel principal, deux violons, alto et basse. Paris : Imbault (1784), page de titre et début de la partie de violoncelle concertant. Bibliothèque nationale de France, département de la Musique, cote K-274. (©gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Josef Reicha : Concerto en ré majeur pour violoncelle et orchestre (Wallerstein, avant 1784).
(Mikael Ericsson, violoncelle ; Czech chamber orchestra, dir. Ondřej Kukal, 1995)
En avril 1785, Josef Reicha s’établit avec sa famille à Bonn, où il a été nommé Konzertmeister de l’orchestre de l’électeur de Cologne. Il y demeurera jusqu’à sa mort. Antoine entre comme flûtiste dans l’orchestre. Malgré l’opposition de son oncle, il s’initie à la composition à l’âge de quinze ans en étudiant en cachette les œuvres de Händel, Mozart et Haydn, jusqu’à ce que Josef Reicha prenne conscience des dons de son neveu.
Johann Ziegler : Vue de la résidence electorale de Cologne à Bonn (1798), estampe colorée, d’après Lorenz Janscha.
Stadtmuseum Bonn, Inv. SMB 1991/Alt056. (©StadtMuseum Bonn)
Une symphonie et des scènes italiennes du jeune compositeur sont alors exécutées en 1787. Ces dernières sont des airs de concert avec accompagnement d’orchestre sur des textes extraits de livrets d’opéras récemment représentés. Certaines seront éditées près de quinze ans après leur composition. La BnF en conserve plusieurs en manuscrit, de même que quelques symphonies – dont certaines nous sont parvenues incomplètes – et une symphonie concertante pour flûte et violon. Un concerto pour violon perdu et certaines de ses ouvertures orchestrales peuvent également remonter à la période de Bonn.
Antoine Reicha : Concertante pout flûte et violon avec l'orchestre. Manuscrit autographe (Bonn, 1785-1794), début de la partition. Bibliothèque nationale de France, département de la Musique, cote MS-13107 (5). (©gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
Antoine Reicha : Concertante pour flûte et violon avec l’orchestre (Bonn, 1785-1794).
(A. Kossenko, flûte ; Ch. Siranossian, violon ; Gli Angeli Genève, dir. Stephan Macleod, 2020)
Reicha, Josef.
Concerto in E major for violoncello and string orchestra.
Mainz, London, New York : Schott, 1980.
Collection Cello Bibliothek.